vendredi 16 mars 2012

ÉDUCATION: UNE NÉCESSAIRE CONTRE-RÉFORME

(Chronique parue le 16 mars dans le Journal de Québec)
                        

D’abord, un rappel historique : en 1994, le nouveau gouvernement Parizeau convoquait les «états-généraux de l’éducation». Un vaste remue-méninges! 

Les conclusions de ces états-généraux étaient on ne peut plus claires. Les Québécois, quasi-unanimement, souhaitaient recentrer les programmes sur les matières de base et évaluer l’acquisition par les élèves des savoirs fondamentaux. Pour eux, c’était là la première mission de l’école. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’un large consensus se dégageait pour que l’école soit aussi le lieu par excellence de la transmission de la culture québécoise dans toutes ses dimensions (langue, histoire, patrimoine, valeurs).

Lors de cette consultation, il ne fut nullement question…de «compétences transversales», ni de refus de toute émulation, ni du rôle «d’animateur» ou «d’accompagnateur» de l’enseignant plutôt que de dispensateur-de-savoirs, ni du rejet de toute évaluation comparative. À ce moment-là, la caste des technocrates et des intello-pédagogues n’avaient pas encore fait des ravages.

C’est cependant ce qui est arrivé lorsque le mandarinat du Ministère de l’Éducation a pris en charge la suite des choses, c’est-à-dire la conception et l’élaboration des programmes en se fondant sur une approche socio-constructiviste. C’est quoi, me direz-vous, cette bibitte idéologique?

Le Collectif pour une Éducation de Qualité nous la décrit ainsi : « Le socio-constructivisme  postule que l’élève doit lui-même construire ses connaissances, non plus se les faire imposer par un maître sévère, censé tout savoir. Cette philosophie éducative suppose également que le «réel»  est un pur construit, que la «vérité» est relative et que ce qui «beau» et «grand» est une pure question de goût.»

Illustrons par un exemple. Au lieu d’évaluer l’apprentissage de la langue française, c’est-à-dire la grammaire, la syntaxe, l’organisation des idées, le vocabulaire, la lecture, il fallait désormais apprendre «à écrire des textes variés» et «savoir apprécier les œuvres littéraires». Exprime-toi, mon petit, même si c’est bourré de fautes!  Comme sur facebook : c’est du jargon, mais le jeune se…«construit»!

Les ministres de l’éducation successifs, peu familiers avec cette doctrine pédagogique, ont donné leur aval à ce curriculum sans détecter, semble-t-il, la contamination constructiviste qui l’infectait. C’est également ainsi qu’ils ont approuvé le Cours Éthique et Culture Religieuse et le nouveau Cours d’Histoire, fabriqués par les bonzes de la Rééducation, deux cours dont l’axe central est le multiculturalisme et la marginalisation de l’identité nationale.

Heureusement toutefois, il y encore des enseignants «rebelles» qui continuent d’enseigner à nos enfants les savoirs de base.

Devant ce désastre, planifié et accompli par les Maîtres du Mammouth (le ministère de l’éducation), vous conviendrez avec moi de la nécessité et de l’urgence d’une contre-réforme en éducation.

En 1994, lorsque le PQ a repris le pouvoir, son programme était on ne peut plus limpide. «L’école est le creuset de la société, le lieu privilégié ou la culture se transmet et s’élabore. «Notre» culture aussi, valeurs, comportements, attitudes et référents  culturels s’y façonnent de même que l’appartenance à la collectivité québécoise. Il importe à tout prix que le réseau québécois de l’éducation devienne incontestablement le lieu par excellence de la pensée et du savoir, de l’acharnement à apprendre.» Mais à la place, nous avons eu une réforme dont le peuple n’a jamais voulue.

Aujourd’hui, malheureusement, la classe politique s’égare dans des débats de structures (abolir ou non les Commissions scolaires?) et ne se soucie pas de l’essentiel, soit de mettre en branle une salutaire et vigoureuse Contre-Réforme en éducation.

Jacques Brassard




vendredi 9 mars 2012

UNE NOUVELLE RELIGION

(Chronique parue le 9 mars dans le Journal de Québec)
                                  

La Cour Suprême a donc tranché. Les parents québécois qui réclamaient pour leurs enfants «le droit à l’exemption» au Cours d’Éthique et de Culture Religieuse (ECR) ont vu leur requête déboutée par un tribunal dont la liste des décisions favorables au multiculturalisme s’allonge de façon alarmante.

Saluons malgré tout le courage de cette poignée de dissidents qui refusaient de voir leurs enfants assujettis à un cours que j’ai déjà qualifié de laboratoire de détraquement identitaire et de relativisme moral.

Cette défaite judiciaire est la preuve qu’au Québec il y a bien longtemps que les parents se sont fait dépouiller par l’État de leurs droits en matière d’éducation de leurs enfants.

Il convient de rappeler de nouveau les intentions des concepteurs de ce cours. Il faut, selon eux, favoriser le «vivre-ensemble», la tolérance et le respect du «pluralisme religieux». Et comme ils s’appuient sur le multiculturalisme (enchâssé dans la constitution canadienne), cela signifie que les nouveaux venus qui s’établissent chez nous sont parfaitement légitimés  de conserver leurs identités et leur valeurs. Mieux encore, ils peuvent non seulement les garder, mais aussi les promouvoir.

C’est donc sur une telle base que l’on entend inculquer à nos enfants le «vivre-ensemble», la tolérance et le relativisme moral. Toute résistance de la part des membres du «NOUS» (les «de-souche») à ce remodelage idéologique est considérée par les concepteurs du programme comme de la «suffisance identitaire» qu’il est nécessaire d’ébranler et de rabattre.

En d’autres termes, pour vivre avec l’Autre, pour s’ouvrir à l’Autre, il faut mettre au placard notre identité nationale. Le reniement de soi devient une condition du «vivre-ensemble». Quel hasardeux délabrement!

Résultat : dès le primaire, on immerge l’enfant au sein de huit religions : catholicisme, protestantisme, judaïsme, spiritualités autochtones, islam, bouddhisme, hindouisme, orthodoxie. Et on ajoute «autres religions»…parce qu’au secondaire, une des activités «pédagogiques» consiste à demander aux jeunes d’inventer leur propre religion (credo, livre saint, liturgie, célébrations, clergé). Cela s’appelle : «Youpi! Ma religion à moi!». Ce qui fait dire à Joëlle Quérin, qui l’a analysé sous tous ses aspects, «qu’avec le pluralisme du cours ECR, toutes les pratiques religieuses sont dignes de respect, même celles qui sortent tout droit de la tête des élèves». Du théâtre burlesque à son meilleur!

Il y a tout de même une religion qui prend du gallon dans le cours ECR, et c’est la «spiritualité autochtone». Étant pratiquée par moins de 1%, 20% des pages des manuels lui sont étonnamment consacrées. C’est la nouvelle bigoterie à la mode. On y apprend à prier «notre Mère la Terre» et à remercier «l’Esprit des Plantes et l’Esprit des Animaux». En fait, c’est l’écologisme qui, par ce biais, se hausse au rang de religion planétaire par excellence. Interrogez vos enfants et vos petits-enfants et vous verrez  qu’ils connaissent fort bien les dogmes, les rites et les devoirs de cette nouvelle religion. Ils en connaissent aussi les «péchés» à ne pas commettre : ne pas recycler, utiliser des sacs de plastique, avoir un «gros char», faire bobo aux arbres. Le bêtisier écolo au grand complet!

Cette bouillabaisse multiculturaliste, multireligieuse et relativiste doit être éradiquée de nos écoles. Elle est inspirée par un mépris et une négation de notre identité, de notre histoire, de notre héritage et de nos valeurs judéo-chrétiennes. Malheureusement, aucun parti politique n’a le courage de s’engager à l’abolir.

Jacques Brassard


vendredi 2 mars 2012

UN COMBAT PLANÉTAIRE?

(Chronique parue le 2 Mars dans le Journal de Québec)
                             

Au risque de revigorer l’hostilité (des appuis aussi?) que j’avais suscitée à mon égard à la suite d’un long billet (sur mon blogue) sur le conflit qui sévit depuis déjà 2 mois à l’usine de Rio Tinto Alcan d’Alma, je reviens sur le sujet. Après tout, «n’inspirer aucune antipathie, c’est jouir de la quiétude des insignifiants» (Pascal Bruckner).

Je vous rappelle que le litige entre les parties porte sur le plancher d’emplois et des restrictions à la sous-traitance. En d’autres termes, ce que revendique le syndicat, c’est de garantir de façon indéfinie les emplois actuels et d’ajouter des postes à ce plancher d’emplois en réduisant le champ d’action des sous-traitants.

L’entreprise, de son côté, tout en acceptant que les emplois actuels soient garantis jusqu’à la retraite, refuse de s’engager à «geler» le niveau d’emploi à tout jamais, ce qui constituerait, selon elle, une trop grande rigidité lorsque surviendrait, dans l’avenir, des changements technologiques lui permettant de réduire le nombre de postes de travail. D’autre part, limiter la sous-traitance au-delà d’un certain niveau, la placerait dans une position désavantageuse par rapport à ses concurrents dans un marché mondialisé.

Pour le moment rien ne bouge. Et lorsque les politiciens sont contraints d’émettre quelques sons articulés sur le sujet, ils fredonnent le refrain de circonstance sur le thème du «retour à la table de négociation». C’est sans doute mieux …qu’un silence embarrassé!

Ce fut le cas du Premier Ministre qui a jugé utile de rencontrer des délégués syndicaux la veille d’un discours sur le Plan Nord à Saguenay. En leur promettant de parler à la chef de direction de RTA, Jacynthe Côté, pour plaider en faveur, devinez quoi, d’un «retour à la table», il a calmé le jeu pour la manif syndical du lendemain sur le lieu de la conférence.

Entretemps, le syndicat déploie tous les rituels imposés en des telles circonstances : piquetage et manifs, il va de soi, mais aussi récolte d’appuis et de soutiens de tous les horizons, surtout de syndicats et de partis politiques (Québec Solidaire et NPD bien sûr).

Et voilà que les leaders syndicaux se sont lancés dans un combat planétaire. Ils se sont envolés jusqu’aux antipodes (Australie) pour y recueillir soutien et financement des syndicats dans les usines de RTA.

Questions : est-ce que ce déploiement «liturgique» aura des effets sur la négociation d’Alma? Est-ce que ces appuis de l’autre bout du monde vont modifier substantiellement le rapport de force en faveur du syndicat? Est-ce  que le soutien de tous les syndicats québécois de RTA va faire pencher la balance du côté syndical? Est-ce que RTA va être ébranlé et affaibli en sachant que des syndiqués du monde entier vont accorder un appui moral (et peut-être financier) aux travailleurs d’Alma?

Objectivement parlant, pas «pantoute»! Car tout ce tintamarre ne change pas d’un poil la nature du face-à-face ni le poids des antagonistes. Le syndicat d’Alma est toujours tout seul au front et il va le rester. Les autres syndicats lui manifestent sans doute une sympathie ostentatoire, mais leurs membres ne monteront pas aux créneaux. Ils continuent de travailler. Une pareille situation, ça s’appelle un cul-de-sac! Manifestement, les syndiqués d’Alma ont surestimé leurs forces.

Et n’allez pas croire que ça me réjouit. Une situation semblable n’engendre malheureusement que des dégâts moraux et financiers au sein de la communauté.

Jacques Brassard