samedi 26 février 2011

BÊTISE ET DISCORDANCE

LE TRIOMPHE DE LA BÊTISE

Je ne regarde jamais Tout le Monde en Parle. Ainsi, je n’ai pas à me farcir toute une floraison d’inepties écolos-bobos-gogôches.

Mais l’autre Dimanche, en zappant, je tombe sur Roy Dupuis et le réalisateur d’un film sur la Romaine. Un film-pamphlet, il va sans dire. C’est la mode! Depuis l’Erreur Boréale du gourou abitibien, Richard Desjardins, les monuments de désinformation du gauchiste Michael Moore et le film-catastrophe du Grand Chaman Al Gore, de nos jours, les films qui se veulent documentaires ne sont en fait que des brûlots idéologiques.

Évidemment, Guy A. Lepage, comme il le fait toujours quand l’interlocuteur est de la bonne tribu idéologique (bobo, écolo, gogôche, pacifiste et anti-américain), les flagorne et les cajole servilement. Jean-François Lépine qui est présent les encense aussi avec complaisance. Navrant spectacle! C’est la courbette obséquieuse hissée au rang d’un grand art de la scène!

Il va de soi que si l’invité n’avait pas été de la bonne famille, on aurait assisté à un «Dîner de Cons». Les deux compères devenant à cette occasion des éreinteurs.

Que nous disaient donc les deux croisés de la Romaine, le chevalier Roy Dupuis et l’autre, le réalisateur qui va sans doute demeurer un nobody comme celui qui a fait l’Erreur Boréale?

Ils nous radotent des clichés et des oraisons chamanistes. Et d’abord le lieu commun préliminaire : c’est un crime que de harnacher cette magnifique rivière, l’une des «dernières-rivières-sauvages-du-Québec». Il y a 4000 rivières au Québec, de toutes les dimensions possibles et il y en a moins de 300 qui sont pourvues de centrales. Mais à chaque fois qu’Hydro-Québec entreprend de produire de l’énergie hydroélectrique, la rivière visée est toujours, comme par hasard, la «dernière-grande-rivière-sauvage-du-Québec».

Et ça marche à tout coup! Sur le plateau de Tout le Monde en Parle, tous les invités avaient les yeux humides. Et dans bien des chaumières du Québec, on avait sans doute aussi la larme à l’œil.

Soyez certains que tous ces idolâtres de la Vierge Nature et de la Sauvagerie n’auraient pas su situer la Romaine sur la carte avant qu’Hydro-Québec ne songe à la mettre en valeur. Et ne sachant sans doute pas où aller, ils ont même réclamé que les audiences du BAPE sur le projet se tiennent…à Montréal!! Quelle belle brochette d’animistes puérils et prétentieux!

Il y a un effort plutôt laborieux chez les concepteurs du film pour tenter de prendre pied sur le terrain de la raison et de l’économie, mais il s’agit d’une tentative qui tourne en eau de boudin (plutôt qu’en eau claire et tourbillonnante…comme celle de la Romaine!).

Par exemple, ils jugent inutile le projet de harnachement de la Romaine parce que, disent-ils, l’électricité produite sera exportée et à des coûts inférieurs au coût de production (qu’ils fixent à 9,3 cents le KWh). Ce qui est faux comme prémisse. Le coût du projet de la Romaine, incluant le transport, s’établit à 6,4 cents le KWh.

Et si, au début, une bonne partie de la production sera sans doute vendue sur les marchés d’exportation, cela se fera avec bénéfices, il va de soi. N’oublions pas que le tiers des bénéfices d’Hydro-Québec (ce qui est une proportion très élevée) provient des exportations.

Donc, la thèse de l’exportation à perte ne tient pas debout.

Ensuite, ils proposent (c’est le dada des écolos), à la place du projet de la Romaine, le recours aux énergies renouvelables (laissant entendre que l’hydroélectricité n’est pas une énergie renouvelable) et, tout particulièrement, la filière éolienne.

Je l’ai déjà dit et écrit, je le redis et le réécris, les monstrueux vire-vent qu’on plante dans les paysages québécois sont les mâts totémiques de la nouvelle religion verte. Le verdoyant Roy Dupuis voue un culte aux gigantesques vire-vent. Il les adore! J’ai déjà proposé de lui en foutre un dans sa cour-arrière. On verrait bien s’il est aussi dévot!

Mais non seulement c’est une filière qui pollue les paysages (allez voir en Gaspésie), mais c’est surtout une filière inefficace et coûteuse. Car c’est un euphémisme que de dire, comme Hydro-Québec, que l’éolien est «une énergie intermittente». En fait, ça ne fonctionne que 25% du temps. 25%! Rendez-vous compte : 75% du temps, le grand vire-vent …ne produit rien!

Et ça coûte cher! Selon Hydro-Québec (qui doit le savoir, c’est l’unique acheteur), « le coût total des projets éoliens récemment offerts est de l’ordre de 13,3 cents le KWh ». 6,4 cents le KWh à la Romaine et 13,3 cents pour les vire-vent! L’éolien coûte le double! Et c’est forcément intégré dans les tarifs.

En Europe, ou on a misé sur cette filière, à coup de subventions et de privilèges fiscaux, on prend conscience aujourd’hui, non seulement de la dégradation des paysages, mais des coûts exorbitants de cette énergie. Plusieurs États (l’Espagne et la France, par exemple), aux prises avec des situations budgétaires catastrophiques, ont commencé à réduire les aides gouvernementales, mettant ainsi en lumière l’absence d’une réelle rentabilité de cette filière.

Au Québec, malgré l’évidence du fait qu’investir dans l’éolien constitue une très mauvaise allocation de ressources, on continue de favoriser cette filière. Et je suis convaincu, au fond, que c’est juste pour faire plaisir aux chamans écolos! Pour les amadouer!

Il est navrant de voir la couardise et l’attitude lèche-cul de nos élites politico-économique et zartistique face au chamanisme verdoyant. Sur l’éolien en particulier. On préfère se prosterner plutôt que de résister à la bêtise.

L’autre solution qu’ils préconisent pour se dispenser du projet de la Romaine, c’est l’économie d’énergie!



Ahurissant! Mais où étaient-ils donc au cours des trente dernières années? Sur l’astéroïde du Petit Prince? Allô! Les amis! Le Québec, comme tous les États développés, a lancé, depuis le choc pétrolier de 1973, diverses politiques et de multiples programmes en matière d’économie d’énergie. Avec des résultats : à l’horizon 2015, sur la base du Plan Global d’efficacité énergétique, on devrait atteindre 11 TW h d’économie. Ça se poursuit donc toujours, mais s’imaginer qu’on puisse éviter de développer le potentiel de la Romaine en misant davantage sur l’économie d’énergie, c’est totalement chimérique.

Malgré tout, je peux vous prédire une chose : le film de Roy Dupuis et de son comparse va être à coup sûr encensé par les bobos, les zartistes, les écolos et les intellos.

Comme ce fut le cas du film de Desjardins qui, lui aussi, s’appuyait sur de fausses prémisses (déforestation, ignorance de la capacité de régénération de la forêt boréale, surexploitation présumée).

Ceci étant dit, je vais éviter désormais en, zappant, de m’arrêter sur Tout le Monde en Parle, le triomphe de la bêtise mettant trop à mal ma sérénité dominicale.



DISCORDANCE

Il y a un autre secteur où la bêtise triomphe allégrement, et c’est celui de l’exploration pétrolière sur l’ile d’Anticosti et dans le golfe St-Laurent.

Le fait que la cession, au moment de la fermeture de la Division Pétrole et Gaz d’Hydro-Québec, des droits d’exploration pétrolière sur l’ile d’Anticosti à une entreprise privée, constitue, selon le Devoir et le PQ, un scandale intolérable en est la preuve.

À cet égard, la réflexion de l’éditorialiste du Devoir, Jean-Robert Sansfaçon, est plutôt tarabiscotée.

Il reconnait d’emblée qu’en matière d’exploration pétrolière (donnant ainsi raison au PM Charest) « ce n’est pas à l’État de prendre de tels risques, du moins seul ». Très bien! Et il illustre son propos en affirmant que « si d’aventure Hydro-Québec avait obtenu des résultats concluants, elle se serait associée à des exploitants privés, comme l’ont fait bien des gouvernements dans le monde ». Fort bien!

Question : pourquoi l’entreprise privée est-elle bienvenue quand il s’agit d’exploiter et indésirable quand il faut explorer? Plutôt difficile à déchiffrer comme approche!

Le penseur du Devoir (gazette écolo de référence) bascule dans l’insolite quand il affirme tout de go que « le fait de posséder des droits aurait aussi permis au Québec de ne pas exploiter pour une raison ou une autre ». Ben voyons don’!

« Au Québec, comme dans la majorité des États, écrit André Proulx, Président de Pétrolia, la ressource pétrolière est la propriété de l’État. Le rôle des sociétés d’exploration consiste à découvrir la ressource, à déterminer son potentiel commercial et, s’il y lieu, à l’exploiter.» à la condition que le Gouvernement y consente. Si l’État ne veut pas, pour quelque motif que ce soit, passer à l’étape de l’exploitation, il n’a pas besoin pour ce faire de détenir les permis d’exploration.

Enfin, comment peut-il écrire que « ce n’est pas parce qu’on croit aux vertus du secteur privé qu’on peut lui céder des richesses collectives pour des broutilles ». Il s’appuie sur quoi pour craindre une telle éventualité?

Parvenu à l’étape de l’exploitation, un bail est nécessaire dans lequel le niveau des redevances est fixé. Il n’y a rien qui puisse nous amener à conclure que les redevances seront…des broutilles! À moins de se cantonner dans la fabulation économique autour du thème populiste de l’entreprise privée pillarde et vorace.

Le PQ, comme le Devoir, est lui aussi plutôt tortueux sur la question pétrolière et gazière.

Sur les gaz de schistes, c’est l’intransigeance sous la forme d’un moratoire, ce qui repousserait aux calendes grecques la création d’un secteur gazier susceptible de réduire notre dépendance énergétique. Le PQ aurait pu adopter la position telle que dessinée par Lucien Bouchard, soit une exploitation de cette ressource avec un encadrement environnemental adéquat (ce qui n’est pas un défi démesuré) et des redevances d’un niveau acceptable pour toutes les parties. Il a malheureusement choisi, à des fins électoralistes, de s’acoquiner avec les écolos hostiles à toutes formes de développement.

Sur l’exploration pétrolière à l’ile d’Anticosti, c’est l’hostilité viscérale (vieux travers du PQ) à l’endroit de l’entreprise privée (en dépit du fait qu’elle soit québécoise) qui prévaut.

Une hostilité tout imbibée de démagogie, le PQ prétendant que l’État québécois perdrait 240 milliards de dollars advenant la mise en branle de l’exploitation de la ressource. Il faut vraiment prendre les Québécois pour des crétins en pensant leur faire croire que toute la valeur du pétrole d’Anticosti va se retrouver dans les coffres de l’État!

Ce dernier devra certes recevoir des redevances substantielles, mais l’entreprise, qu’elle soit privée, publique ou mixte, devra financer les coûts d’exploration, d’exploitation, de main d’œuvre et les actionnaires devront toucher des dividendes.

Encore là, le PQ a choisi la guerre partisane au détriment des intérêts bien compris des Québécois.

Enfin, sur l’exploration pétrolière et gazière dans le golfe St-Laurent, le PQ adopte une position différente. Dans ce cas-là, on harcèle le gouvernement pour qu’il lève illico les obstacles qui empêchent Corridor Ressources de procéder à des forages sur le site Old Harry qui chevauche la frontière avec Terre-Neuve.

Curieuse incohérence! Pour les gaz de schistes, c’est le moratoire pur et dur! Pour le pétrole de l’ile d’Anticosti, il faut tout arrêter parce que c’est une perfide entreprise privée qui s’apprête à nous filouter. Dans le golfe, il faut faire vite et permettre à une entreprise qui n’est même pas québécoise d’explorer au plus sacrant! Dans ce dernier cas, on devine pourquoi. Ça permet d’attaquer le fédéral et de mettre en lumière la «mollesse» du gouvernement Charest.

On ne peut vraiment pas dire que le PQ a une politique en matière d’exploration et d’exploitation de nos ressources naturelles qui soit consistante et cohérente.

Il est tout à fait normal, dans un Parlement, que l’Opposition …s’oppose! Mais il serait aussi souhaitable que, ce faisant, on évite le plus possible d’être discordant et incohérent.

Jacques Brassard

vendredi 18 février 2011

DÉFENSE DE PRIER!

Pour commencer, je me permets de vous rafraîchir la mémoire en vous rappelant une cérémonie qui, au Canada, se déroule à l’occasion d’un événement jugé important (Jeux olympiques, Conférences constitutionnelles, signature de traités etc.).

Lors de circonstances jugées exceptionnelles, on invite donc des Chefs et des Chamans indiens qui exécutent des danses rituelles et qui invoquent les Esprits en agitant des plumes au-dessus d’un bol «boucanant». Les touristes adorent! Et les politiciens, les bureaucrates et les gens bien (dont la proportion d’athées est surement élevée) s’inclinent respectueusement devant ces pratiques animistes. Et cela, même si ce chamanisme n’est pratiqué que par moins de 1% de la population.

Le cérémonial amérindien est pourtant intégré dans des événements impliquant l’État (fédéral et provincial). La spiritualité indienne (c’est comme ça qu’on appelle l’animisme des autochtones) occupe même une place de choix dans le cours Éthique et Culture Religieuse (cette ratatouille multi religieuse fondée sur le relativisme moral). Une de mes petites-filles me racontait récemment qu’avant chaque leçon de ce cours, les élèves devaient, dans le silence, se connecter à la Terre et au Ciel!!!

Quel progrès! Se souhaiter Joyeux Noël est inconvenant, mais enseigner l’animisme écolo-Nouvel-Âge à nos enfants et petits-enfants est tout à fait digne et bienséant.

Toutefois, nous devons bien comprendre que réciter une prière catholique pendant 30 secondes, une fois par mois, à l’occasion d’une séance publique du Conseil Municipal de Saguenay, constitue, selon le Tribunal des Droits de la Personne, vraiment et scandaleusement une contrainte intolérable que l’on impose aux quelques athées présents. Un viol des consciences, quoi!

Je n’en reviens pas! Qu’une télévision d’État, dans son Bye Bye de fin d’année, traîne dans la boue un cardinal et ridiculise le Pape, ce n’est pas bien grave, même si cela crée un malaise chez les catholiques. Mais un malaise provoqué par la vue d’un crucifix dans une salle publique, alors, ça, vraiment, c’est proprement insoutenable pour l’âme hyper-sensible d’un athée!

« L’erreur du Tribunal et du Mouvement laïc, écrit le professeur de droit public, Patrice Garant, est de considérer la neutralité de l’État et des institutions publiques comme un absolu. Or, cette neutralité est toute relative; elle ne se vit pas dans l’abstrait. Elle s’insère dans une culture, des traditions, un vécu. Le Québec est un pays de tradition chrétienne et non voltairienne! ».

Mais si l’on suit le raisonnement du Tribunal, la moindre manifestation de la foi catholique dans l’espace publique et tout symbole ou objet exprimant cette foi, doivent être traités comme des contraintes excessives à l’endroit des athées et des agnostiques.

À partir de là, allons-y joyeusement! Démantelons la Croix du Mont-Royal; tronçonnons les Croix du Chemin (il en reste encore); débaptisons des milliers de rues et des centaines de municipalités à travers tout le Québec; décrochons les crucifix de tous les endroits publics; jetons à terre les clochers trop voyants; enlevons de nos calendriers les fêtes religieuses; changeons le nom de tous les hôpitaux qui s’appellent Hôtel-Dieu; modifions le texte de l’hymne du Canada écrit par Basile Routhier; détruisons tous les signes judéo-chrétiens que l’on retrouve sur un grand nombre d’édifices publics.

Que voulez-vous? Les athées et les agnostiques ont des âmes si fragiles et si délicates qu’un simple signe de la croix peut les faire choir dans un inconfort tellement angoissant qu’elles pourraient demeurées à jamais détraquées.

La tâche du Tribunal et du Mouvement Laïc est colossale! Pensez-y, 400 ans d’une histoire imprégnée de catholicisme, ça laisse des traces de toutes natures : traditions, coutumes, patrimoine, monuments, œuvres d’art, valeurs. Mais aussi un certain regard sur la vie, une conception du Monde et une éthique. Jürgen Habermas, un philosophe athée a écrit (cité par Richard Bastien dans le numéro 17 de la revue Égards) que « le christianisme, et rien d’autre, est le fondement de la liberté, de la conscience, des droits de l’homme et de la démocratie, les signes distinctifs de la civilisation occidentale. À ce jour, nous ne pouvons tabler sur rien d’autre que le christianisme. Nous continuons de nous abreuver à cette source. Tout le reste n’est que bavardage postmodernes. » Nos athées de souche sont pas mal plus obtus.

Cette éthique, d’ailleurs, issue du message évangélique, est toujours bien vivante en Occident. Comme le démontre Frédéric Lenoir dans son livre Le Christ Philosophe, « égale dignité de tous, justice et partage, non-violence, émancipation de l’individu à l’égard du groupe et de la femme à l’égard de l’homme, liberté de choix, séparation du politique et du religieux, fraternité humaine » sont des valeurs qui trouvent leur origine dans le message évangélique.

Mais nos athées du cru sont des béotiens qui ignorent sans doute que les droits de l’homme qu’ils portent comme un ostensoir sont en fait des valeurs judéo-chrétiennes qui ont été en quelque sorte laïcisées à partir du siècle des Lumières.

Quoiqu’il en soit, le Mouvement Laïc (dont le laïcisme militant prend la forme exclusive de l’anti-catholicisme) va donc poursuivre sa croisade en vue de fracasser la matrice judéo-chrétienne du peuple québécois.

Et je précise en terminant que je ne suis pas un fan du Maire Tremblay. J’ai de sérieuses réserves sur sa façon de gérer Ville Saguenay et, sur le plan religieux, je le trouve un tantinet…pharisien! Mais je lui accorde mon appui sans équivoque sur la question de la prière et des symboles catholiques.

Qu’adviendra-t-il de sa cause devant les tribunaux supérieurs? C’est à risque! Car, c’est bien connu, les décisions provenant du «gouvernement des Juges» sont loin d’être toujours respectueuses de nos racines, de notre histoire et de notre identité.

Jacques Brassard

dimanche 13 février 2011

NAÏFS OÙ IDIOTS

Je m’intéresse à nouveau à l’Égypte. Les réactions et les reportages des médias québécois sur les évènements qui se déroulent dans ce pays me sidèrent et me découragent.

J’écoute et je regarde ces bavards fébriles et je m’interroge : sont-ce simplement des naïfs ébahis où des idiots aveugles? Où les deux à la fois?

D’abord, ils sont tous excités d’avoir été dépêchés sur place pour être témoins de la «naissance d’une démocratie». Et leurs reportages sont superficiels à brailler. Ils se contentent de filmer et de décrire les mouvements de foule, le tout assaisonné de braillements de manifestants exaltés prophétisant la fin de la dictature et l’avènement de la liberté. J’ai même vu une femme revêtue d’un «linceul noir» réclamer la liberté et la démocratie!! Et la journaliste était toute fière d’avoir déniché une femme voilée…démocrate!

Et maintenant que Moubarak est parti, ces scribes myopes sont convaincus que l’Égypte va faire son entrée dans l’univers démocratique.

Attachez vos tuques, chers échotiers! L’alternative qui se précise en Égypte est bien loin de comporter un régime démocratique. Les deux volets sont plutôt les suivants : soit une dictature militaire comme l’a connu autrefois la Turquie; soit la main mise sur l’État par les islamiste, comme cela s’est produit dans la bande de Gaza et au Liban. Et le pire, ce n’est pas l’armée au pouvoir!

(J’apprécie beaucoup les commentaires d’Hélios d’Alexandrie, mais je suis étonné qu’il minimise la présence et l’action des Frères Musulmans dans le tumulte égyptien.)

Et dans toute cette agitation, Obama s’est comporté, pour reprendre l’expression de Guy Millière, comme «un collégien gauchiste attardé». Pitoyable et pathétique!

Pour comprendre l’attitude et la position d’Obama, il faut se rappeler qu’il est issu et qu’il appartient toujours à l’aile gauche du Parti Démocrate, cette gauche qui considère les États-Unis comme une puissance impérialiste malfaisante (croyance bien illustrée par les films de propagande du super-gauchiste Michael Moore, les postures anti-américaines de l’acteur Sean Penn ou les diatribes de l’intellectuel gauchiste Noam Chomsky).

N’oublions pas non plus qu’il a absorbé pendant vingt ans les prêches antisémites et racistes du pasteur Jeremiah Wright qui, au lendemain du 11 Septembre, a déclaré : «Dieu damne l’Amérique!». Les États-Unis étaient coupables d’impérialisme et l’attentat du 11 septembre était une punition. Et n’allez pas croire qu’Obama s’est purgé de cette culpabilité.

«Dans ces conditions, écrit Guy Millière, il n’est pas très difficile de déchiffrer les raisons de l’hostilité du Président des USA à l’encontre d’Israël, ou son attitude vis-à-vis de Ben Ali, de Moubarak, de l’islam radical, de l’Iran et de la Turquie. Le paramètre de base à prendre en compte est l’idée que pour un «anti-impérialiste», Israël est un État «impérialiste»; la «cause palestinienne», une cause sacrée; l’islam radical, un mouvement révolutionnaire «anti-impérialiste»; les régimes arabes alliés de l’Occident, des complices de «l’impérialisme»; et les dictatures antioccidentales, des régimes «anti-impérialistes». »

Tenez compte de cette vision présidentielle (qui est celle de la gauche américaine), et vous comprenez très bien pourquoi le Président Obama met en doute la légitimité d’Israël et ne cesse d’exiger des concessions risquant de mettre en cause la sécurité de l’État Hébreu. Vous comprenez aussi sa complaisance à l’égard des dictatures d’Iran et de Syrie, qui sont des «forces anti-impérialistes». Et vous comprenez enfin la main tendue aux Frères Musulmans puisqu’ils sont des «combattants contre l’impérialisme occidentale».

Et pour Obama, non seulement les Frères Musulmans ont la vertu d’être «anti-impérialistes», mais ils sont suffisamment «modérés» pour être partie prenante du processus de changement à mettre en branle par l’Armée. Il faut être foutrement biaisé sur le plan idéologique pour être persuadé qu’il puisse exister des «Talibans modérés» et des «Frères Musulmans modérés».

Mais si l’extrémisme islamiste des Frères Musulmans est atténué, pour ne pas dire escamoté, il y a un autre phénomène qui est aussi refoulé dans l’ombre, et c’est l’antisémitisme des protestataires égyptiens. Moubarak, dont la photo brandie dans la foule était souvent marquée de l’Étoile de David, était honni par les manifestants non seulement pour sa corruption et son despotisme, mais aussi parce qu’il avait maintenu la paix pendant des décennies avec Israël.

Et on comprend pourquoi cette réalité était cachée. Je vais citer à ce sujet Caroline Glick. C’est un esprit brillant dont les analyses si clairvoyantes nous font mieux comprendre les enjeux, les impulsions et les remous qui secouent cette région du monde.

«Si les médias, écrit-elle, rapportaient l’implacable haine antijuive dans le monde arabe en général et en Égypte en particulier, cela ruinerait la narration du conflit arabe avec Israël. Cette narration explique les racines du conflit par la frustration du nationalisme arabo-palestinien. Elle dénie constamment une antipathie antijuive plus profondément enracinée qui est projetée sur l’État juif. Le fait que le seul État juif soit seul face à 23 États arabes et 57 États musulmans, dont les populations sont unies par leur haine des Juifs requiert nécessairement une révision de la narration. Aussi leur haine est ignorée.»

Voilà pourquoi je suis incapable de m’extasier et de m’enthousiasmer devant les turbulences qui agitent l’Égypte, comme le font nos reporters naïfs ou idiots (ou les deux à la fois). Je n’ai pas l’optimisme d’Hélios d’Alexandrie car je suis loin d’y voir poindre une démocratie. Au contraire, j’y vois surgir la pieuvre islamiste étendant ses tentacules sur la société égyptienne.

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Quelques remarques au commentateur anonyme (sans doute un optimiste de gauche) qui me fait des remontrances. Avec pas mal de mauvaise foi.

Par exemple, il étale son érudition en évoquant la Roumanie, la Hongrie et les pays baltes (oubliant la Pologne et la Tchécoslovaquie) à seule fin de mettre en doute l’argument de la présence d’une culture démocratique préexistante à l’instauration de la dictature communiste. Je sais très bien que certains de ces pays n’ont pas connu un long parcours démocratique, mais ils se situaient sur un continent où le modèle démocratique était plus présent, et surtout, ils appartenaient à la civilisation judéo-chrétienne, et non pas à l’Islam, une religion ontologiquement antidémocratique et hostile à la liberté.

Ensuite, mon Anonyme de gauche m’attribue l’opinion selon laquelle «puisqu’il n’y a jamais eu de démocratie ni de culture démocratique dans un pays musulman, il est préférable, pour l’Occident judéo-chrétien, qu’il n'y en ait pas.» Plutôt perfide comme propos! Car il n’est nullement question ici de préférence mais de constat. Je fais le constat (et je ne suis pas le seul à le faire) que l’Islam tel qu’il est n’est pas compatible avec la démocratie. Je n’exprime pas ma préférence, j’observe une réalité.

Pour le reste, l’Anonyme de gauche sombre dans des balivernes délirantes sur la croisade et la guerre contre les islamistes que nous, les rabat-joie, souhaiterions comme issue à cette crise. Franchement!

Vous êtes, cher Anonyme de gauche, un échantillon édifiant de cette gauche tellement compréhensive et tellement indulgente devant les progrès de l’islamisme dans le monde et l’accentuation de l’islamisation au cœur des sociétés démocratiques occidentales.

Jacques Brassard

vendredi 4 février 2011

ANGÉLISME ET TROMPE-L'OEIL

Comme vous tous, par les temps qui courent, je regarde à la télé les manifestations gigantesques qui ont lieu en Tunisie d’abord, en Égypte ensuite, et même en Jordanie et au Yémen. Les images nous montrent des foules qui hurlent leur colère et des régimes autoritaires qui vacillent et se lézardent.

Évidemment, comme toujours dans ces cas-là, des reporters dépêchés sur les lieux recueillent les commentaires enfiévrés des manifestants et mettent en relief le désir de liberté et l’aspiration à la démocratie. À TVA comme à Radio-Canada, les reportages tendent tous à montrer et à démontrer qu’il s’agit d’une révolution, c’est-à-dire d’un renversement de régime, et dont l’issu quasi inéluctable sera la naissance d’une démocratie véritable. Et les reporters de s’extasier béatement devant la ferveur et l’enthousiasme des manifestants convaincus d’être les accoucheurs d’un État libre et démocratique.

Or, il y a beaucoup d’angélisme et une approche jovialiste chez les reporters de même que chez les Chefs d’État et ministres occidentaux, dans leur évaluation des évènements supposément révolutionnaires qui se déroulent dans cette région du monde. De l’angélisme et une compréhension superficielle de ces convulsions qui secouent des régimes autoritaires qu’on croyait immuables.

Car, voyez-vous, dans toute cette immense partie du Monde, la démocratie n’a jamais existé. Il n’y a jamais eu de régimes qu’on aurait pu désigner comme étant démocratiques. Jamais! Par conséquent, il n’y existe aucune culture démocratique. Toutes les valeurs qui sont la substance d’une démocratie -- état de droit, libertés reconnues et constitutionnalisées, système judiciaire indépendant du pouvoir politique, pluralisme politique, alternance pacifique en matière d’accession au Pouvoir-- toutes ces valeurs n’ont jamais pris racine dans ces pays.

Quand le communisme s’est effondré en Europe de l’est, les peuples concernés ont été en mesure, après avoir balayé leurs dictatures, de renouer avec une expérience et une culture démocratiques antérieures à la mise en place des régimes totalitaires par Staline. Dans le monde arabo-musulman, ce n’est pas cela du tout. La démocratie ne fait pas partie du vécu historique de ces peuples.

Sauf au Liban ou vit une importante communauté chrétienne. Mais, aujourd’hui, la démocratie libanaise est chose du passé. Le Hezbollah, organisation islamiste et terroriste, commanditée et armée par la mollahcratie iranienne, a fait main basse récemment sur l’État libanais par un véritable coup d’état. Adieu démocratie!

En fait, le seul et unique État pleinement démocratique dans cette partie du monde, c’est Israël. Une authentique démocratie! Ce qui d’ailleurs ulcère et pousse au mensonge tous les Amir Khadir de ce monde.

Ceux qui s’imaginent que les régimes qui remplaceront les autocraties de Tunisie et d’Égypte (et d’ailleurs) seront meilleurs et plus favorables à la liberté et la démocratie se font des illusions. Ils sont bernés par des trompe-l’œil.

«Dans les conditions qui prévalent en Égypte, écrit Stéphane Juffa de la Metula News Agency, si l’armée perdait la main, tous les indices montrent que le nouveau régime serait encore moins démocratique et plus répressif que celui de Moubarak. Avec en prime, un risque de voir les Frères Musulmans-- principale force organisée en dehors de l’armée—s’approcher du trône pour ne plus le lâcher.»

C’est ça la réalité socio-politique de ces pays. Ce sont tous des pays musulmans, et l’Islam qui y domine, ce n’est pas l’Islam modéré que l’on souhaite en Occident (d’ailleurs, existe-t-il vraiment?), mais l’Islam radical, extrémiste, l’Islam de la charia intégrale, l’Islam anti-occidental et antisémite pour qui la liberté est un vice et la démocratie une tare.

Dans de telles circonstances, la politique d’Obama est carrément irresponsable et dangereuse. Son angélisme de gauche risque d’avoir des conséquences désastreuses pour l’Occident tout entier. Il fait preuve d’un messianisme imbécile. Il se voit comme un accoucheur de démocratie dans un pays où elle n’a jamais existé. Et pour la faire naître, il croit utile de larguer son allié Moubarak. Exiger des élections dans un pareil chaos, ça ne peut que reproduire, mais à grande échelle, ce qui s’est passé dans la bande de Gaza : l’accession des barbus obscurantistes au pouvoir. N’oublions pas que le Hamas est une branche des Frères Musulmans.

Si l’Égypte bascule dans l’islamisme, les Américains (et l’Occident) ne perdront pas seulement leur principal allié dans cette partie du monde, mais ils vont se retrouver face à un camp islamo-totalitaire (Iran, Syrie, Gaza, Liban) puissamment renforcé par l’inclusion du pays qui contrôle le canal de Suez.

Voilà pourquoi Caroline Glick, l’analyste toujours lucide et pénétrante du Jerusalem Post, qualifie « la réponse des USA aux évènements d’Égypte, comme étant irrationnelle, irresponsable, catastrophique, stupide, aveugle, traîtresse et terrifiante ». Voilà qui n’est guère ambigu!

Caroline Glick nous rappelle par ailleurs qu’un sondage de juin 2010 révélait que 59% des Égyptiens déclaraient soutenir les islamistes, que 82% soutiennent la lapidation des adultères, 82% approuvent le fouet et la main coupée pour les voleurs et 84% acquiescent à l’exécution de tout musulman qui change de religion. Merveilleuses conditions d’implantation de la démocratie, n’est-ce pas?

Attention! Je ne suis pas en train de vous dire que je ne suis pas démocrate et que j’ignore que le régime Moubarak est corrompu et despotique.

Je dis simplement que le fait de larguer un allié ne conduira pas à l’instauration inévitable d’une démocratie et aura plutôt pour effet non seulement de favoriser l’arrivée au pouvoir des islamistes anti-occidentaux et antisémites, mais également de précariser les alliances avec d’autres États de la région (Arabie, Yémen, Jordanie et même l’Irak) et d’accentuer l’insécurité et l’encerclement de la seule démocratie de toute cette partie du Monde, Israël.

Jimmy Carter, qui est sans doute le pire président américain du XXe siècle, porte une très large responsabilité dans l’apparition d’un régime totalitaire islamiste en Iran. Il a laissé tomber le régime du Shah (qui, il est vrai, n’était pas très exemplaire sur le plan démocratique) pour se retrouver avec un régime bien pire encore.

Aujourd’hui, Obama le Messie est en voie de surpasser Carter en aveuglement et en angélisme, car il aura perdu comme alliés le Liban, la Turquie et l’Égypte, consolidant ainsi l’aire d’influence de la tyrannie des Mollahs.

C’est le nabot frénétique de Téhéran qui doit se frotter les mains!

Jacques Brassard