vendredi 25 juin 2010

CUL-DE-SAC

Tous les médias, ces derniers temps, ont refait l’historique de la naissance, de la vie et de la mort de l’Accord du Lac Meech qui devait permettre au Québec de se blottir dans le giron constitutionnel canadien, dans «l’honneur et l’enthousiasme», pour reprendre la formule de Mulroney.

Je vous fais grâce des péripéties de cette saga, rocambolesque à bien des égards (rappelons-nous la plume de l’indien Elijah Harper, au parlement manitobain), mais il convient de se remémorer la minceur de la proposition constitutionnelle du gouvernement Bourassa. Ayant eu à croiser le fer à l’époque avec le Premier Ministre, je peux vous dire que M. Bourassa était un bon jouteur parlementaire difficile à coincer dans les câbles. Mais nous avons quand même réussi, à force de le harceler de questions, à lui faire admettre deux points essentiels : premièrement, que son projet de modification de la constitution était le plus minimal de toute l’histoire du Québec (ce qui signifiait qu’amoindrir sa portée serait déshonorant) ; et deuxièmement, que le concept de «société distincte» n’avait aucune primauté sur la Charte des Droits (c’était donc largement symbolique).

Bref, on était très loin du grand texte fondateur qui aurait reconstruit le Canada sur de nouvelles bases.

Et ça n’a pas marché. Ce fut un lamentable échec!

Et, vingt ans plus tard, on doit aussi conclure que ce fut la préfiguration de l’échec programmé de tout projet de réforme du fédéralisme canadien sur la base des aspirations et des attentes séculaires de la nation québécoise.

Les fédéralistes québécois l’ont bien compris. Mis à part quelques idéalistes, comme Benoît Pelletier, ils ont vite conclu qu’il leur fallait désormais adhérer au fédéralisme tel que conçu et bâti par Trudeau. Fédéralisme coopératif, fédéralisme d’ouverture, fédéralisme asymétrique, véritable confédération, nouveau partage des pouvoirs, tout cela n’est que fiction, pensée magique et onanisme intellectuel.

En matière de «renouvellement» du régime constitutionnel canadien, nous sommes donc et à tout jamais dans une impasse totale, un cul-de-sac insurmontable. Moi, si j’étais fédéraliste, je serais profondément déprimé ou profondément résigné, ou les deux à la fois.

Vous aurez compris que le seul espoir se trouve du côté de la souveraineté. Mais l’espoir est par les temps qui courent mois solide qu’on pourrait et qu’on voudrait le croire. Si ce n’est pas l’impasse absolue comme dans le cas du fédéralisme, c’est du moins le piétinement, le désintérêt et «l’arrêt sur image» (l’image étant le référendum presque gagné de 1995). Certains évoquent même la panne sèche.

Et j’ai le sentiment désagréable que le temps joue contre le projet d’indépendance. Parce que plus le temps file, plus le Québec s’embourbe dans la mélasse du multiculturalisme, fondement majeur du Canada trudeauiste.

Soyons clairs : comme nous ne sommes pas en mesure, en tant que nation , d’intégrer convenablement les nouveaux venus qui sont plutôt encouragés à s’enfermer dans le communautarisme; comme nous éprouvons d’énormes difficultés à franciser convenablement les immigrants; comme, de plus, dans les communautés musulmanes gangrenées par l’islamisme, nos valeurs fondamentales sont largement honnies; et comme les Québécois dits de souche sont toujours divisés sur la question nationale, je ne peux que constater que le temps joue contre la souveraineté.

Par conséquent, dans un éventuel troisième référendum, les «votes ethniques», pour reprendre l’expression de M. Parizeau, vont peser encore davantage dans la balance. Il faudrait que la communauté nationale fasse bloc, mais comme ce ne fut pas le cas en 1980 et en 1995, ce ne sera sans doute pas le cas non plus lors d’un prochain référendum.

Car, voyez-vous, comme l’écrivait Joseph Facal, «Nous sommes cependant un cas tout à fait unique. J’avoue ne pas connaître d’autre exemple d’un peuple qui aurait pu librement, pacifiquement, sans verser une goutte de sang, devenir souverain et qui, nos pas une, mais deux fois, a choisi de rester une minorité entretenue et dépendante et de continuer à obéir aux lois votées par un autre peuple qui s’impose à lui par la force du nombre. Nous sommes passés d’une dépendance qui nous fut jadis imposée par les armes à une dépendance à laquelle nous consentons volontairement nous-mêmes, à une subordination auto-imposée.»

Curieusement, mon ex-collègue a intitulé son livre «Quelque Chose comme un Grand Peuple», reprenant ainsi la célèbre phrase de René Lévesque au soir de la victoire électorale de 1976. Mais en omettant l’adverbe «peut-être»! Car Lévesque n’a pas dit : «Nous sommes quelque chose comme un grand peuple.» Il a dit : «Nous sommes PEUT-ÊTRE quelque chose comme un grand peuple.» Le «peut-être» est essentiel. Par ce que ça signifie que même dans l’euphorie de la victoire, René Lévesque avait des doutes sur notre appartenance à la catégorie des «grands peuples».

Et, ma foi, lorsqu’on observe la situation présente, on comprend que Lévesque ait pu être dubitatif. Il nous connaissait bien. Il était clairvoyant. De nos jours, en effet, on ne peut pas vraiment dire que nous sommes «quelque chose comme un grand peuple». Le peuple québécois est actuellement déboussolé, oublieux de plus en plus de ses racines, incapable d’assumer pleinement son avenir, envahi par l’indifférence face à la résurgence des périls linguistiques, infecté par des virus idéologiques (écologisme, pacifisme, palestinisme, alter-mondialisme), empêtré dans le multiculturalisme délétère, souffrant d’une grave addiction à l’étatisme, de plus en plus marginalisé sur la plan politique au sein du Canada et davantage porté à considérer le patriotisme comme un vieillerie dérisoire.

Un «grand peuple», le peuple québécois? Peut-être! Comme dirait Lévesque. Et si c’est vraiment le cas, il nous faut constater qu’il est comme en dormance. En hibernation.

Jacques Brassard

vendredi 11 juin 2010

DIABOLISATION ET DÉLÉGITIMATION D'ISRAËL

À chaque fois (c’est comme ça depuis 60 ans) qu’Israël agit pour à la fois défendre son existence et assurer la sécurité de ses citoyens, on observe toujours, dans les médias occidentaux et au sein de la gauche béatement et bêtement pro-palestinienne et de la nébuleuse d’ONG peuplées d’idiots utiles antisionistes, la même réaction antisémite, la même désinformation, la même propagande islamiste imbibée de haine, la même amnésie sur la vraie nature du Hamas.

La dernière crise d’hystérie anti-Israël a eu lieu lors de la tentative par des activistes turcs pro-Hamas de briser le blocus naval israélien de la bande de Gaza.

Et, comme d’habitude, les blablateux médiatiques ont repris automatiquement et sans sourciller le nom utilisé par les activistes islamistes pour désigner leur opération : «flottille de la liberté», «free Gaza».

Il faut vraiment avoir la certitude que la presse occidentale est solidement asservie à la propagande et à la vulgate islamistes pour oser proclamer sans vergogne qu’une manœuvre navale résolument motivée par la haine des Juifs a quelque chose à voir avec la liberté, cette valeur fondamentale et fondatrice de l’univers démocratique.

Il suffisait pourtant d’une simple vérification pour savoir qui était à l’origine de cette randonnée d’extrémistes nazislamistes. C’est une organisation turque, l’IHH, islamiste bien sûr, donc ouvertement antisémite, qui a des liens avec Al Quaida et qui vise ni plus ni moins à détruire Israël. Il faut vraiment être d’une bonasserie à brailler pour croire et faire croire au monde que les «touristes» de la flottille arraisonnée par la marine israélienne sont de gentils militants pacifistes qui veulent porter secours aux «malheureux-palestiniens-affamés-par-l’État-Hébreu».Il y avait à bord du vaisseau principal une meute d’activistes turcs fanatisés, souhaitant le martyr, munis de barres de fer, de couteaux et d’armes à feu qui se sont rués sur les premiers soldats israéliens en en blessant sérieusement une dizaine. La riposte armée était un acte de légitime défense. Par ailleurs, ce convoi était tout, sauf humanitaire. Les médias occidentaux (incluant ceux du Québec), quand Israël est concerné, basculent dans la malhonnêteté intellectuelle et le parti-pris idéologique en persistant à désigner cette flottille de la haine comme un «convoi humanitaire». C’est de la désinformation à l’état pur. Car ce que recherchaient ces djihadistes, et ils ne s’en cachaient pas, c’était l’affrontement avec Israël dans le but évident de poursuivre la campagne islamiste de sabotage de la légitimité de l’État Hébreu. C’est pourtant bien connu que la population de Gaza est approvisionnée régulièrement, via Israël, en nourriture, en eau, en énergie, en pétrole et en médicaments. Elle ne souffre aucunement de la faim. À chaque jour, des camions chargés de tonnes de provisions et d’essence franchissent les points de passage vers Gaza. Et à chaque jour, des habitants de Gaza vont se faire soigner et traiter dans les hôpitaux israéliens. Le mythe de Gaza affamé est une arme de désinformation massive qui, malheureusement, fait des ravages dans le cerveau des journaleux, des chroniqueux, des gauchistes, des politiciens, des artistes, des intellos et des bobos benêts. Il est ahurissant de voir autant de caves occidentaux adhérer à un mensonge aussi gros, donc facilement détectable en se donnant juste un peu la peine de s’informer.

Ce dont souffre la population de Gaza, ce n’est pas de faim, mais de tyrannie, celle du Hamas qui, depuis 2006, règne par la terreur, la violence et le meurtre sur la bande de Gaza. Le Hamas est une organisation terroriste, reconnue comme telle, et dont le but affiché est la destruction de l’État d’Israël. Oser parler de paix et de liberté à propos de Gaza, lorsqu’on sait que ses habitants sont opprimés par ces barbus barbares, sanguinaires et obscurantistes qui leur tiennent lieu de gouvernants, c’est vraiment d’une obscénité à vomir.

Précisons d’autre part que ce blocus est parfaitement conforme au droit international. Les terroristes du Hamas ayant expédié plus de 10,000 roquettes et missiles sur les villes israéliennes depuis 2006, il est tout à fait légitime qu’Israël prenne les moyens pour empêcher le trafic d’armes et de munitions en vue de réarmer les brigades de la terreur dans la bande de Gaza. Et il est hors de question que l’État Hébreu compte sur l’ONU pour stopper ce réarmement. Les casques bleus sont déjà présents au Sud-Liban et ils jouent les soldats d’opérette. Le Hezbollah, créature sanguinaire du régime totalitaire iranien, qui devait être désarmé (en vertu d’une résolution de l’ONU) entasse les armes lourdes dans ses bunkers sous les yeux et à la barbe des gentils onusiens.

Ne nous trompons pas, cet incident, somme toute minuscule, s’inscrit dans le cadre d’une confrontation qu’on peut qualifier de planétaire, entre, d’un côté, la civilisation occidentale, fondée sur les valeurs de liberté, de dignité humaine, de démocratie et dont les racines judéo-chrétiennes ne sont pas encore entièrement oubliées (ce qu’on appelait du temps du communisme triomphant le Monde Libre) et, de l’autre côté, les forces conjuguées de l’islamonazisme qui est un totalitarisme aussi redoutable et aussi destructeur que les deux qui ont plongé le monde dans l’horreur concentrationnaire et le massacre de masse au siècle précédent, le nazisme et le communisme. Ce totalitarisme islamiste, comme les deux frères jumeaux du XXe siècle, là où il est fortement implanté comme en Iran et dans bien des parties du monde musulman, fondé sur l’exécration de l’Occident et de ses valeurs, plonge des peuples entiers dans l’obscurantisme, la barbarie et l’asservissement, voue une haine absolue aux Juifs et étend ses tentacules, par le biais de l’immigration, dans la plupart des grandes villes occidentales.

Israël, dans cette Guerre Mondiale, est le bastion le plus avancé de la civilisation occidentale. Son existence est sans cesse menacée et il a le devoir de se défendre. Et, nous, nous avons le devoir de le soutenir.

Alors, comment se fait-il que la machine de propagande de l’islamonazisme est si efficace au sein de nos élites et de nos médias? La situation ressemble beaucoup à celle qui prévalait dans les années 60-70. En ce temps-là, rappelons-le nous, il y avait une organisation mondiale qui s’appelait le Mouvement pour la Paix qui planifiait et mettait en branle, à travers le monde, d’immenses manifestations pour la Paix, mais dont la cible unique était toujours les États-Unis, jugés belliqueux à outrance, et l’Occident en général, considéré comme dangereux et agressif. Par contre, pas un seul reproche ne s’exprimait, dans ces manifs, envers l’URSS qui poursuivait pourtant une politique vigoureuse d’expansion appuyée sur un armement en progression constante. Forcément, puisque le Mouvement pour la Paix était une créature solidement assujettie au Kremlin. Le même phénomène existe aujourd’hui. La propagande islamo-palestinienne peut être efficacement relayée par une mouvance d’ONG et d’organisations pacifistes antisémites et anti-Occident, avec le soutien actif des syndicats, de la gauche, de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite. Et cette propagande est toute entière fondée sur la haine : la haine des Juifs et la haine de l’Occident. Et comme à l’époque du Mouvement pour la Paix, les médias occidentaux diffusent, sans regard critique, sans le détachement requis, les mensonges et la désinformation préfabriqués à Téhéran, à Gaza, à Ramallah ou à Istanbul et visant à conforter et à consolider la diabolisation et la délégitimation d’Israël.

Et cette machinerie de propagande fonctionne à merveille parce qu’elle s’appuie sur une pulsion antisémite toujours présente au sein des nations occidentales et sur un vieux fond de judéophobie chrétienne. Cette dernière n’est pas de nature raciste, comme l’antisémitisme nazi, mais religieuse. Le peuple juif était vu comme un «peuple déicide» (les Juifs ont crucifié le Christ). Le fondement religieux a pratiquement disparu—l’abandon du christianisme s’étant largement répandu au Québec et en Europe— mais la judéophobie , elle, est restée enkystée dans bien des cerveaux. Je l’ai constaté et vérifié récemment à l’occasion de l’Assemblée Générale de l’Amicale des Anciens Parlementaires. Lors de contacts avec mes anciens collègues, plusieurs, connaissant mes positions pro-Israël, m’ont interpelé et ont manifesté leur désaccord dans des termes qui fleuraient l’antisémitisme, ou à tout le moins la judéophobie, à plein nez.

Ne nous aveuglons pas, cet incident de la «flottille de la Paix» (!!!) fait partie de la guerre multiforme (médiatique, terroriste, juridique et génocidaire) que mènent les islamonazis de l’axe Syrie-Iran-Hamas-Hezbollah-Al Quaida contre la seule démocratie du Proche-Orient, l’État d’Israël, et contre le Monde Libre.

«Les vrais fascistes, écrit Riposte Laïque, la menace numéro un dans le monde en 2010, ce sont les islamistes. Les vraies victimes potentielles, c’est d’abord Israël, que le dictateur iranien et ses alliés ont décidé de rayer de la carte. La disparition d’Israël est une première étape dans la conquête du monde que les fanatiques musulmans appellent de leurs vœux, les manifestations haineuses qui fleurissent partout dans le monde, musulman ou pas, dès qu’Israël lève le petit doigt, en témoignent.»

Jacques Brassard